Pourquoi
des manifestation alors que les 35 heures allaient se mettre en
place ? Pourquoi manifester alors qu'une diminution du temps de
travail se votait ?
Tout
simplement car la loi sur les 35h ne correspondait ni à
nos exigences, ni à la situation de pénuries dans
laquelles nous étions et sommes encore plus aujourd'hui.
Nous
ne pouvions pas accepter une dégradation des conditions
de travail sous pretexte de réduction du temps de travail.
A SUD Santé, nous le rappelons avons toujours militer pour
la semaine de 4 jours, soit 32 heures travaillées par semaine,
lire
le dossier de la Tour Infernale n°13 : Les 35 heures que nous
voulons
nous avons manifesté contre
:
- les horaires variables (horaires glissants et journées
coupées)
- la flexibilité accrue et la déréglementation
du temps de travail et de repos
- les cycles de travail de 44 heures sur 12 semaines et 48 heures
maximum par semaine
- l'annualisation du temps de travail
- les temps d'absence (RS, CA, AS, congé maladie ...) comme
étant un cinquième des obligations hebdomadaires
de service (pour 1 semaine de 35 heures, 1/5 = 7 heures)
- la légalisation des astreintes (de plus dans certains
cas sans compensation financière)
- La notion d'exigence des besoins des services est systématisée,
les jours RTT seront attribués quand il sera possible de
le faire …
- les 20 jours RTT « gagnés » sont à
relativiser à l'AP-HP on perd les 4 jours DG, 2 repos supplémentaires
(dimanche Pâques et Pentecôte), environ 3 congés
annuels
- le Compte Epargne Temps (CET) qui ne pourra être récupéré
qu'en fonction des possibilités de service et bien sûr
pas des attentes des agents.
Et
malgré l'annonce des 45 000 emplois supplémentaires
promis à l'époque pour les secteurs de la santé
(seulement 4 000 pour l'AP-HP), pouvant à l'époque
paraître un « plus », nous n'avons pas laché
la pression dans la rue. Il faut savoir que pour certaines professions,
infirmières par exemple le déficit était
déjà de plus de 20 000 nationalement.
Pour
faire face au manque de personnel soignant dès 2002, les
places dans les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI)
on augmenté de manière conséquente. Mais
on connaît la longueur des études pour être
infirmier et ce n'est que dans quelques années que nous
verrons les résultats de cette augmentation de place dans
les IFSI. Le manque d'infirmier étant si grand les diplômés
sortant de l'école actuellement n'arrive toujours pas à
combler la pénurie organisée il y a des années.
Malgré
de nombreuses manifestations rassemblement plusieurs milliers
de personnes le 27 septembre 2001, la CFDT, l'Unsa, le SNCH et
la CFE-CGC ont signé le projet d'accord sur la réduction
du temps de travail présenté par le gouvernement,
notamment Mme GUIGOU (Ministre de l'Economie) et M. KOUCHNER (Ministre
de la Santé). Ces syndicats ne représentaient à
eux quatre que 35% des hospitaliers votant aux élections
professionnelles - sachant qu'il n'y a environ qu'1 agents sur
2 qui votent, ces syndicats ne représentaient en fait que
17,5% de la FPH -.
Signature
d'un protocole AP-HP le 22 janvier 2002, la CFDT, l'UNSA, la CFE-CGC
ont dit « oui » (le
SNCH s'étant abstenu trouvant que cet accord n'allait plus
aussi loin qu'il l'espérait).
Ces 3 organisations syndicales ne représentant que 25%
des personnels, on peut se demander comment il est possible d'imposer
un protocole minoritaire aux personnels. Les 35 heures s'appliqueront
à l'AP-HP à partir du 1er avril 2002.
En
passant aux 35 heures, les 70 000 agents en poste à l'Assistance
Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont gagné chaque
année 20 ou 26 jours net de congé supplémentaire
(RTT) suivant leur cycle de travail (7 h 36 ou 7 h 50). Dans le
même nous avons perdu les 4 jours DG, 2 repos supplémentaires
(dimanche Pâques et Pentecôte). Sans parler de l'arnaque
du lundi de Pentecôte, fondu au soleil de la canicule de
2003.
L'on
pourra se souvenir des principaux protagonistes de cet accord
nauséabond qui aurait pu être une réelle avancé
sociale avec de nombreuses création d'emploi à la
clé (on peut rêver, non ?). Souvenons nous de la
direction générale de l'AP-HP, Antoine DURRLEMAN,
qui, il y a 9 ans, conseillait le Premier ministre Alain JUPPÉ
sur les questions sociales (Oh secours !!), la nouvelle majorité
municipale parisienne (Alain LHOSTIS - PCF - qui présidait
pour la Ville de PARIS le conseil d'administration de l'AP-HP),
le gouvernement de « gauche plurielle »... Sans oublier
nos « camarades » syndicalistes CFDT, Unsa et CFE-CGC.
Dès
accord locaux seront signé début 2002 afin d'affiner
la loi sur les 35h et de les « adapter » localement,
à Henri Mondor seule la CFDT signera sans complexe le 11
avril cet accord infecte et honteux. Pour mémoire cet accord
promettait de ne pas réduire l'offre de soin, ni la qualité
des soins. La qualité n'a pas diminué, mais uniquement
grâce à la conscience professionnel des soignants,
quand à
l'offre de soins... Comment aurait-elle pu demeurer la même
?
Nationalement
la CFDT payera chère cette signature, de nombreux adhérents
la quitteront sans regret. Rappelons
que la même CFDT signera en 2003 l'accord sur les retraites
mis en oeuvre par le « gouvernement Raffarin », se
sera alors des sections entière qui quitteront ce syndicat
de regression sociale.
La
gauche plurielle a voulu faire de la loi sur les 35 heures un
symbole de « progrès social dans l’efficacité économique ».
Pourtant en faisant sauter certains verrous, en particulier à
travers l’introduction de la modulation et de l’annualisation
dans son projet, elle a laissé toute latitude au patronat de transformer
une loi de réduction du temps de travail en véritable loi de flexibilité.
La contagion de grèves qui ont éclaté, site après site, au moment
de l’application des 35 heures au niveau local, témoigne qu’il
existait, malgré la faiblesse du tissu syndical dans notre pays,
un réel potentiel pour contrecarrer cette offensive de régression
sociale, constat qui met cruellement en lumière l’incapacité du
mouvement syndical à proposer une riposte interprofessionnelle
unitaire à la hauteur de tels enjeux.
Alors
que la Loi FILLON a encore aggravé les dispositions les plus néfastes
des lois AUBRY, une VÉRITABLE réduction du temps de travail
demeure un outil indispensable de lutte contre le chômage de masse
et doit constituer un axe essentiel de toute politique progressiste
de l’emploi.
Cependant,
les leçons du passé ne doivent pas être oubliées et les futures
avancées en la matière devront se faire dans le cadre d’un grand
mouvement collectif, sans baisse des salaires, sans intensification
du travail, et avec une obligation de créations d’emploi correspondant
à l’ampleur de la RTT
...
Faute de quoi le marché de dupes ne pourra que se répéter !
Mars
2005,
section SUD Santé sociaux hôpital Henri MONDOR, CRÉTEIL
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