Alors
que le Gouvernement et les employeurs pensaient signer des accords
avant la fin de l'année 1998, et malgré une désunion syndicale
et l'absence de volonté des grandes fédérations d'organiser
un rapport de force national, la mobilisation des salariés amorcée
en octobre 1998, est venue quelque peu modifier la donne. Exerçant
une pression sur les syndicats de salariés négociateurs, elle
a permis quelques reculs sur les positions des employeurs. Mais
n'a pas empêché la signature d'accords dont le contenu final
est loin d'être satisfaisant.
L'étape suivante des négociations locales a, contrairement à
toute attente, suscité l'intérêt des salariés et des mobilisations
locales. Ainsi, dans un secteur où l'implantation syndicale
est réduite avec absence de délégué syndical dans nombre d'établissements,
ce sont les délégués du personnel qui souvent ont pris les affaires
en main.
Beaucoup de salariés avaient accepté des accords remettant en
cause des acquis avec blocage des salaires et annualisation
contre quelques créations d'emplois et les aides de l'État.
Le refus d'agrément des accords locaux par les DASS, suite à
une circulaire AUBRY incitant à refuser toute création d'emploi,
vient d'ouvrir récemment un mécontentement assez important et
va vraisemblablement entraîner une nouvelle vague de mobilisation
avec des temps forts nationaux, impulsés y compris par la CFDT
qui pourtant, n'a pas hésité à signer des accords que SUD-CRC
et d'autres (et même les salariés concernés) jugeaient inacceptables.
Dans cette bataille, la Fédération SUD-CRC, malgré sa non-présence
aux négociations nationales a été la seule à diffuser largement
les projets patronaux dans l'ensemble des établissements. A
l'initiative des syndicat SUD-CRC, des collectifs unitaires
se sont mis en place ici où là, pour organiser la mobilisation,
mais aussi pour offrir aux salariés isolés chacun dans leur
établissement, un cadre de confrontation et de soutien pour
les négociations locales.
Cette politique a entraîné un afflux d'adhérents nouveaux, de
constructions de sections syndicales et de syndicats SUD-CRC.
Et si le mouvement de 95, avait déjà permis à SUD-CRC de se
construire sur le secteur privé, l'application de la réduction
du temps de travail va venir considérablement renforcer son
développement dans ce secteur.