La
mobilisation des infirmiers de Secteur Psychiatrique pour obtenir
l'équivalence au DEI a duré six ans, pendant lesquels toute une
profession s'est soudée, a imposé aux pouvoirs publics et à tous
les syndicats sa victoire en 1994, et son refus d'être bradée
au nom de la productivité et d'une ségrégation par trop banalisée.
La
réforme des études infirmières en 1992, avec l'unification des
filières psy et soins généraux, n'avait pas permis l'émergence
de la lutte que nous souhaitions, à l'époque, pour empêcher l'uniformisation
déqualifiante de la profession. Il aura fallu la mise en place
de mesures discriminatoires à l'encontre des ISP (trois mois de
stages humiliants afin d'obtenir l'équivalence au nouveau diplôme),
pour qu'elle se soulève dans un élan identitaire fort, et se batte,
mémoire en tête, contre l'exclusion et le mépris affiché du champ
de la folie.
La
nature de cette lutte est liée à son histoire. Inspirant à priori
la défiance pour ce « monde à part », les ISP ont
mené seuls ce combat. Aucune organisation ne les a soutenus.
Elles ont au contraire torpillé autant que faire se peut leur
démarche et leur victoire, jusqu'à extinction. Le même acharnement
aurait dû servir la revendication. Et l'histoire n'aurait pas
renouvelé le constat des causes perdues parce que trahies pour
des enjeux sordides.
SUD-CRC
a été seule à soutenir la profession et l'outil dont elle s'est
dotée : le Collectif National de Mobilisation en Psychiatrie.
Une expérience notable puisque, sur la durée, il aura fallu
autant d'énergie à fédérer qu'à maintenir l'unité du mouvement,
contre les vélléités de toute puissance inhérentes aux modes
d'organisation collective. Nous avons pris, à tous égards, nos
responsabilités dans cette lutte, de l'étayage des revendications
à la gestion souvent difficile de la mobilisation. Nous y avons
aussi gagné de nombreuses sympathies qui se retrouvent au fil
des luttes et de notre développement. C'est là que s'est véritablement
constitué ce secteur dans la fédération, avec la contribution
assidue des camarades de province à la commission psy, qui consolide
et enrichit une cohésion indéniable dans nos orientations et
notre pratique.
Naissance
de SUD Santé sociaux 31
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Depuis longtemps les sujets de désaccords, couvaient
entre le syndicat départemental et la Fédération
CFDT : centralisme très hiérachisé, modalités
de vote non démocratiques, choix politiques trahissant
une collaboration plus ou moins discrète avec
le gouvernement et le patronat, tel était le climat
dans lequel se sont faits entendre les premiers
grondements de protestation.
Les
divergences au niveau des luttes et la cassure
sur les orientations politiques se sont manifestées
à travers une action contre deux licenciements
abusifs au « NARIDEL » pour laquelles
la fédération a manifesté une opposition irritée.
Ensuite, ses choix politiques lors des événements
de décembre 1995 ont encore élargi le fossé, et
durci les positions de part et d'autre.
L'interpro
et l'ouverture vers d'autres associations ont
suscité un nouvel élan de mobilisation : «
Tous Ensemble » est né dans l'enthousiasme.
L'embryon a grossi jusqu'à la dissidence après
le refus d'un congrès exceptionnel pour débattre
des questions de fond. Jusqu'au bout, nous avons
utilisé la voie démocratique pour tenter d'infléchir
les orientations de la CFDT qui n'a pas hésité
à utiliser des moyens malhonnêtes pour s'imposer
: comment aurait-elle pu répondre de ses agissements
et défendre les raisons de son choix inavouable
? Dès lors, le débat s'est engagé dans le syndicat
et toutes les sections syndicales pour envisager
l'avenir : rester ou partir collectivement (désafiliation
de la CFDT). Massivement les syndiqués se sont
déterminés pour SUD.
Enfin,
il nous a fallu prendre le temps de construire
notre syndicat, tant sur le plan matériel que
logistique et humain, et trouver notre identité,
avant de décider de nous affilier au CRC, peu
connu des adhérents.
Témoignage
du CRC de la SOMME
OFF.
Synd. : Pourquoi avez-vous décidé en 1996
de créer un syndicat, et pourquoi un syndicat
CRC ?
CRC
80 : Dans l'établissement, nous avions créé
un « Collectif de mobilisation en psychiatrie
». Devant le refus de la direction de nous
recevoir (« un collectif n'est pas
représentatif du personnel »), nous avons
décidé de créer une section syndicale CRC. Le
CRC était le seul syndicat à soutenir la revendications
des infirmiers de secteurs psychiatrique. Pour
certains militants, le mouvement social de novembre
/ décembre 1995 a été déterminant dans le choix
d'une syndicalisation à CRC (proche de SUD). Dans
la section pratiquement, tous les militants n'avaient
aucune pratique syndicale avant la création de
la section en mai 1996. |
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OFFENSIVE
SYNDICALE (Numéro spécial de décembre 1999)
Bulletin de la fédération National SUD-CRC
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