Pendant
tout le premier semestre 1994, des luttes locales se multiplient
et une série de journées d'action nationales ont
lieues de fin avril à la mi-juin. Trois grands sujets cristallisent
le mécontentement des personnels : l'insuffisance des budgets
; les restructions avec la mise en place des schémas départementaux
et régionaux d'organisation sanitaire ; l'application des
35 heures de nuit et la parution de la circulaire VEIL. En psychiatrie,
l'affaire du diplôme est venue se surajouter à ces
préoccupations. Les étudiants en soins infirmiers,
déjà aux côtés de leurs collègues,
prennent le relais en septembre. Les salariés de la transfusion,
pour la première fois, s'organisent en collectif et manifestent
à Paris en janvier 1995, face à la réforme
de la transfusion, aux risques de licenciements et pour obtenir
un statut unique. En décembre 1994, les aides soignantes
et auxiliaires de puériculture partent à leur tour
pour trois mois.
Dans
toutes ces actions, CRC est à l'initiative, impulse l'auto-organisation
et des actions nationales, obligeant ainsi les grandes organisations
syndicales (pas ensemble hélas !) à faire des propositions
d'actions et à soutenir les personnels.
Aides-soignantes
et auxiliaires de puériculture
Bien
qu'ayant une place déterminante dans le fonctionnement
des établissements de santé (300 000 sur l'ensemble
du territoire), ces professionnelles ne sont jusque là
pas reconnues, totalement oubliées des accords «
EVIN / DURAFOUR / DURIEUX», et de plus, utilisées
à toutes les sauces. Un appel de la Fédération
nationale des associations d'aides-soignantes (FNASS), repris
par l'ensemble des syndicats, reçoit un écho favorable
chez les aides-soignantes et auxiliaires de puériculture
et les mobilise, le 5 décembre 1994.
Au
lendemain de cette démonstration du malaise de cette catégorie,
le risque était réel de voir l'énorme potentiel
jeté aux orties faute de perspectives, dans un contexte
d'éparpillement syndical. D'autant que l'auto-organisation
impulsée par le CRC, reste très marginal, même
si une assemblée générale le 19 janvier a
réuni 300 professionnelles.
Le
CRC et la CGT prennent l'initiative d'appeler à reconduire
le mouvement : 3 autres journées nationales de mobilisation
suivront avec de grosses manifestations sur Paris.
La
FNASS et la CFDT s'efforcent de trouver un terrain d'entente avec
le ministère pour clore la mobilisation. C'est chose faite
après la manifestation du 14 mars. En réponse aux
revendications qui portent sur la reconnaissance professionnelle
et la revalorisation salariale (un statut, un DE, un salaire).
On accorde le passage à la classe supérieure à
25 % d'entre elles ; le certificat d'aptitude est transformé
en diplôme professionnel ; une commission est créée
pour examiner la place des aides-soignantes et auxiliaires de
puériculture dans l'équipe de soins ; rien sur les
salaires et l'intégration des primes.
Malgré
les limites, les inerties et la faiblesse de l'auto-organisation,
ce mouvement a permis d'accumuler une série d'expériences,
d'actions et de débats dans les établissements.
Le mouvement rebondira en octobre 1998 avec les mêmes difficultés.
Mais, pour ces professions, les rythmes de maturation sont lents,
leur mécontentement est loin d'être éteint
et l'arrivée de jeunes générations risque
de mettre le feu aux poudres tôt ou tard !
G.P.,
aide-soignant, militant SUD-CRC au CH de COULOMMIERS
.../... «
J'avais déjà bien des problèmes internes au
sein du syndicat CGT du Centre hospitalier de
COULOMMIERS. Tout a commencé à s'envenimer
fin 92 dès que le projet d'établissement a été
rendu public. J'étais étonné de l'inertie de
la CGT au niveau local, alors qu'était prévu
le déplacement des services de médecine-chirurgie-obstétrique
sur l'hôpital de MEAUX. J'ai donc constitué
un collectif de défense extra hospitalier avec
des hospitaliers et des usagers. Nous nous sommes
rendus à la Préfecture, au Conseil régional...
pour défendre notre hôpital, mais sans les syndicats.
Au
moment de la mobilisation des AS, aucun soutien
local n'a été apporté à leurs revendications
propres. J'ai pris connaissance d'un tract CRC
qui m'a laissé espérer que le syndicalisme n'était
pas mort. De là j'ai pris la ferme décision
de donner ma démission de sécrétaire adjoint
de la CGT pour fonder une section CRC »
.../...
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OFFENSIVE
SYNDICALE (Numéro spécial de décembre 1999)
Bulletin de la fédération National SUD-CRC
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