Les
sans emplois, sans papiers, sans logement et sans droits s'organisent
à partir de 1993. AC ! ouvre la marche (AC ! = Agir contre
la chômage). Les lois PASQUA / PANDEREAU entraînent
des mobilisations des sans papiers (le Quai de la Gare, St AMBROISE,
St BERNARD). Pour obliger le gouvernement à appliquer la
loi sur la réquisition des logements vides, une série
d'occupation de locaux vides s'effectue à Paris (Rue du
Dragon...) et ailleurs. En décembre 94, l'Association «
Droit devant ! » se crée et lance « l'appel
des sans ». La Fédération SUD-CRC et ses équipes
sont impliquées dans ces différents mouvements,
même si leur engagement a été de fait limité
par la faiblesse des moyens.
Le
choc psychologique qu'a représenté le passage à
3 millions de chômeurs fait émerger, au printemps
93, au sein de « Collectif » l'idée d'associer
syndicalistes, chômeurs, associations diverses, mouvements
de jeunesse, intellectuels.... dans un même mouvement, pour
exiger « l'Abolition du Chômage » (AC). Deux
raisons justifient une telle démarche : le mouvement syndical
est trop faible et divisé pour qu'il puisse seul inverser
la tendance sur la déréglementation et le chômage
; l'emploi est au coeur des choix de société et
nécessite que toutes les composantes de la société
civile aient leurs mots à dire sur ces questions.
Le
19 octobre 1993, AC ! est constitué et se propose d'organiser
d'avril à mai 1994, une grande marche des chômeurs
à travers le pays, clôturée par une manifestation
à Paris le 28 mai. S'y retrouvent des militants syndicaux
issus de la CFDT, de la CGT, de la FSU (ex FEN), de SUD, du CRC,
du SNUI et d'autres syndicats du Groupe des 1O avec des responsables
d'associations de précaires et chômeurs (MNPC, APEIS...)
ou de réseaux d'insertion, des militants associatifs (LDH,
FASTI, CSF DAL, Coordination européenne des Femmes, Objecteurs
de consciences, écologistes) auxquels se sont joints des
chercheurs, des économistes, des sociologues...
Les
marches ont totalisé plus de quatre mille kilomètres,
regroupé plus de deux cents marcheurs permanents pour rejoindre
Paris et probablement dix mille personnes marchant à leurs
côtés, un, deux ou trois jours. C'est aussi neuf
mille repas servis et un hébergement d'au moins trois mille
nuitées assurées par les municipalités et
comités d'accueil locaux dans les villes-étapes.
Plus de vingt mille brochures de débat et d'information
sur les droits des chômeurs et sur les moyens de combattre
le chômage, quatre numéros d'un journal de la marche
diffusés à trente mille exemplaires, des tracts
et des affiches à profusion...
En
quelques mois, AC ! a réussi à développer
des collectifs locaux et organiser cette première initiative
nationale. A partir de cette expérience, deux marches européennes
ont lieu en 1997 et 1999, avec la mise en place d'un réseau
européen.
Les
collectifs AC ! seront avec les chômeurs CGT, à l'initiative
du mouvement des chômeurs qui, par ses occupations des ASSEDIC
et autres lieux publics symboliques, va jouer les trublions pendant
la sacro-sainte trêve des confiseurs en 1997.
AC
! a initié un nouveau type de mouvement social qui prendra
des formes identiques sur la question des sans papiers et du logement.
Mais au-delà, son exemple servira pour organiser la résistance
face à l'AMI (Accord Mondial) avec la constitution d'ATTAC,
ou lors de la rencontre internationale de l'Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) a Seattle cette année.
Congrès
fédéral 11
et 13 juin 1993 à Esquirol
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Premier
Congrès de la Fédération nationale CRC, il va permettre
d'approfondir les débats autour de la structuration,
du projet syndical et définir les priorités revendicatives
pour les trois ans. |
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OFFENSIVE
SYNDICALE (Numéro spécial de décembre 1999)
Bulletin de la fédération National SUD-CRC
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